LES SANS PAPIERS DE LIMOGES

par anissa Jeu Sep 07, 2006 2:02 pm

Artistes et sportifs aux côtés des sans-papiers de Limoges
SOLIDARITÉ . Après avoir soutenu les sans-papiers de Cachan, Stéphane Diagana, Valérie Lang et Josiane Balasko se sont rendus dans la capitale du Limousin.

Limoges (Haute-Vienne),

Trentième jour de grève de la faim pour 43 sans-papiers, parmi lesquels trois femmes. Trentième jour de désespoir et d’attente face à une décision qui ne vient pas, un silence inhumain de la part de la préfecture, qui reste ancrée dans son mutisme quant à leur devenir. Pour autant, et malgré leur désespoir et leur état de faiblesse qui évolue de jour en jour, ils sont déterminés à aller jusqu’au bout.

Un désespoir qui a dépassé l’opinion publique régionale, pour prendre une ampleur nationale, éveillant l’intérêt de nombreuses célébrités, dont Emmanuelle Béart, Jean-Louis Aubert, monseigneur Gaillot, Costa-Gavras ou Charles Berling, qui se sont aussitôt penchées sur la cause des sans-papiers. Josiane Balasko, Valérie Lang et Stéphane Diagana, avertis jeudi dernier de la situation des sans-papiers de la rue Maupas, sont venus avant-hier leur apporter leur soutien. « Autant la situation des sans-papiers de Cachan, en région parisienne, était connue de tous, autant nous ne savions rien de ce qui se passe à Limoges depuis début juillet. Lorsqu’on m’en a fait part, j’ai immédiatement regardé sur Internet pour avoir plus d’infos et j’ai appelé Valérie et Stéphane. Nous avons alors décidé de venir au plus vite pour dénoncer une situation inhumaine qui frôle le drame. Faut-il que l’un d’entre eux meure pour qu’il y ait réaction du gouvernement ? C’est une honte et d’une hypocrisie incroyable », déclarait Josiane Balasko lors de la conférence de presse.

« En effet, reprend la comédienne, à quelques mois de l’élection présidentielle, le leitmotiv des sans-papiers, traités comme des voyous, des profiteurs, pire, des parasites, est remis sur la table. Or ces personnes, issues de pays ayant eu des relations étroites avec la France à un moment donné de l’Histoire, ont participé et participent à l’économie et à la vie du pays en travaillant, cachés a fortiori, pour les plus grandes entreprises. Une main-d’oeuvre efficace et à très bas prix, traitée comme de la merde de surcroît ! Le fait que les sans-papiers travaillent sans être déclarés ne nuit en aucun cas aux Français, puisqu’ils ne bénéficient ddroit ! Aussi, après des années en France, ont-ils droit au statut de demandeurs d’asile, car s’ils ont quitté leur pays, c’est contraints et forcés, soit pour des raisons politiques ou économiques, voire les deux, soit à cause de mariages forcés dans le cas des femmes. »

« Mon soutien aux sans-papiers est sans relâche, enchaîne Valérie Lang. Et par ma présence ici comme à Cachan, je porte la parole de ces pauvres gens pour qu’ils soient enfin entendus. Enfin, j’espère, car nous avons demandé une audience auprès du préfet de la Haute-Vienne, Dominique Bur, qui nous a été refusée, ainsi qu’auprès de Nicolas Sarkozy, qui n’a pas encore donné de réponse... Or, comme le disait Josiane, en France, les sans-papiers sont actuellement victimes d’un esclavage contemporain sans nom. Ils sont les cobayes d’une politique dictatoriale où les valeurs françaises de liberté et d’égalité, ainsi que la notion de « France, terre d’asile », sont totalement bafouées ! Excepté l’Autriche, peut-être, la France est le seul pays européen qui refuse la régularisation massive. Sarkozy a promis six mille régularisations, certes. Mais ils sont vingt mille sans papiers. Que fait-il des quatorze mille restants ? Il remplit les charters avec ?... Or il y a une réalité qu’on oublie souvent : les clandestins étaient bien plus nombreux en France avant que maintenant. Alors, arrêtons de nous servir d’eux en périodes électorales ! J’ai honte de mon pays, mais je suis fière d’être une Française aux côtés des sans-papiers. »

« Quant à moi, conclut Stéphane Diagana, j’ai souvent porté les couleurs de la France sur mon dos lors de championnats mondiaux. Mais si c’est pour véhiculer ce type de situations extrêmes et dépourvues d’humanité, alors je refuse catégoriquement de les porter à nouveau ! »
Humanité Presse