AFFRONTEMENTS MEURTRIERS ENTRE PALESTINIENS A GAZA

par anissa Lun Oct 02, 2006 6:56 am

GAZA (Reuters) - Des affrontements entre forces de sécurité sous les ordres du gouvernement dirigé par le Hamas et partisans du président palestinien Mahmoud Abbas ont fait au moins huit morts et plus d'une centaine de blessés dans la bande de Gaza.

S'adressant au peuple palestinien depuis Amman, Abbas a jugé ses heurts inacceptables et a promis de punir les responsables.

"Ce qui s'est produit à Gaza (...) dépasse toutes les limites", a-t-il lancé devant les caméras de plusieurs chaînes arabophones. "En vertu de mon statut, j'ai ordonné au procureur général d'ouvrir une enquête et ceux dont l'implication sera avérée seront poursuivis", a-t-il ajouté.

Le Premier ministre Ismaïl Hanyeh, issu du mouvement islamiste, avait auparavant invité toutes les factions "à faire preuve de responsabilité et à dépasser leurs divergences".

A la suite de ces appels au calme, le ministère de l'Intérieur a ordonné aux forces de sécurité issues du Hamas de se retirer des positions où elles s'étaient déployées pour réprimer des manifestations de policiers, partisans du Fatah, protestant contre le non-versement des salaires.

Les incidents de Gaza sont les plus graves engendrés par le non-paiement des fonctionnaires en raison de l'embargo financier que subit l'Autorité palestinienne, alors que les négociations sur la formation d'un gouvernement d'union sont dans l'impasse.

Des heurts ont également éclaté à Ramallah, en Cisjordanie, où des fidèles d'Abbas ont saccagé les bureaux du chef du gouvernement. Deux voitures ont été incendiées, mais on ne signale pas de victimes.

Dans la bande de Gaza, des hommes armés ont incendié des bâtiments officiels et ont fait irruption dans des hôpitaux, des écoles et divers immeubles rattachés à l'un ou l'autre des deux camps.

A Gaza ville, partisans du Hamas et du Fatah ont échangé des tirs depuis les toits des bâtiments voisins du Conseil législatif (parlement). Un membre de la garde présidentielle d'Abbas a été tué à une centaine de mètres de la résidence du président à Gaza.

ABBAS MET EN CAUSE LES ETATS-UNIS

On dénombre trois civils tués, dont un enfant. Un membre du Hamas et deux officiers de la sécurité sont également au nombre des morts. Quatre personnes ont par ailleurs été blessées dans une fusillade à l'hôpital de Gaza.

Un manifestant a en outre été tué et plusieurs dizaines d'autres ont été blessés lorsqu'un affrontement a éclaté lors d'un rassemblement hostile au Hamas à Gaza.

Au total, au moins une centaine de personnes ont été blessées.

La plupart des blessés à Gaza et à Khan Younès, dans le Sud, sont des civils et des écoliers se trouvent parmi eux, selon les médecins.

Fatah et Hamas se sont mutuellement rejeté la responsabilité de ces heurts, qui ont éclaté alors qu'une cinquantaine de chars israéliens prenaient position dans le nord de la bande de Gaza, selon une source proche des services de sécurité palestiniens.

Tsahal a fait savoir que l'incursion visait à empêcher les tirs de roquettes artisanales en direction de l'Etat juif.

Les tensions dues aux arriérés de salaires sont montées d'un cran quand le ministre palestinien de l'Intérieur, Saïd Seyam, issu du Hamas, a demandé à ses hommes de se déployer dans les rues pour empêcher tout nouveau désordre lié à la crise.

Le mouvement islamiste a largement devancé le Fatah lors des élections législatives de janvier, entraînant une suspension de l'aide financière internationale qui empêche depuis plus de six mois l'Autorité palestinienne de payer ses fonctionnaires.

Les négociations entamées en vue de la formation d'un gouvernement d'union, qui pourrait sceller la reprise de l'aide occidentale, ont été vaines jusqu'ici. Le Premier ministre a fait savoir qu'il avait évoqué la reprise des discussions avec Abbas.

"En tant que président, j'ai le droit de former et de dissoudre le gouvernement à tout moment, mais je dis que nous devons faire tous les efforts nécessaires pour former un gouvernement d'union", a déclaré ce dernier.

"Soyons franc, les Etats-Unis nous ont imposé un siège politique, économique et social après la victoire du Hamas", a-t-il ajouté.

La secrétaire d'Etat américaine Condoleezza Rice devait prendre dimanche soir la direction du Proche-Orient pour une tournée censée la conduire en Arabie-Saoudite, en Egypte, en Israël et des les territoires palestiniens.
lA TRIBUNE DEPECHE